Le Kenya supprime les visas pour les Africains : un pas historique vers l’unité du continent
Le Kenya vient de marquer un tournant historique dans la diplomatie africaine. En décidant de supprimer les visas pour la majorité des ressortissants africains.

Nairobi envoie un message fort : celui d’un continent en mouvement, prêt à briser les frontières artificielles héritées de la colonisation pour favoriser l’intégration régionale.
Depuis le début de l’année, les ressortissants de presque tous les pays africains, à l’exception de la Libye et de la Somalie, écartés pour raisons de sécurité, n’ont plus besoin de visa ni d’autorisation électronique préalable pour entrer au Kenya. Fini les longues procédures administratives et les frais dissuasifs : il suffit désormais d’arriver à la frontière kényane pour pouvoir séjourner dans le pays jusqu’à deux mois, et jusqu’à six mois pour les citoyens de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE).
Une volonté politique affirmée
Cette mesure s’inscrit dans la politique du président William Ruto, qui a publiquement déclaré : « Nous œuvrons à faire du Kenya une terre accueillante pour tous les Africains. L’heure n’est plus aux barrières, mais à l’ouverture.«
Derrière cette initiative se dessine une vision claire : favoriser la libre circulation des personnes, stimuler les échanges commerciaux et culturels, et accélérer l’unité africaine. En supprimant les visas, le Kenya espère incarner un nouveau modèle de gouvernance continentale, en cohérence avec les engagements de l’Union africaine et les objectifs du Marché unique du transport aérien en Afrique (MUTAA).
Une stratégie gagnante pour le tourisme et l’économie
Le Kenya, qui a accueilli plus de 1,6 million de touristes internationaux en 2023 selon le ministère du Tourisme kényan, mise sur cette politique pour renforcer l’attractivité de sa destination. Le Conseil des ministres a souligné que cette mesure fait partie intégrante de sa stratégie dite de « ciel ouvert », qui vise à fluidifier les connexions aériennes africaines et à booster le secteur touristique.
En permettant aux voyageurs africains de venir plus facilement, le pays espère dynamiser son économie locale, notamment dans l’hôtellerie, le commerce, les transports et les services.
Un précédent politique pour l’Afrique
Le Kenya n’est pas le premier pays à abolir les visas pour ses voisins africains. Le Rwanda et le Bénin ont déjà adopté des politiques similaires. Mais l’annonce kényane a une portée plus symbolique, en raison du poids diplomatique du pays et de son positionnement stratégique en Afrique de l’Est.
Selon la Banque africaine de développement, seuls 24 % des pays africains offraient un accès sans visa aux ressortissants d’autres pays africains en 2022. Le Visa Openness Index, qui mesure la facilité de voyager à travers le continent, révèle encore une forte fragmentation des politiques migratoires intra-africaines.
Le geste du Kenya apparaît donc comme un signal fort, une invitation aux autres États à repenser leurs frontières, et à se rallier à une vision commune : celle d’une Afrique unie, ouverte, et en marche vers une plus grande solidarité.
Tous les pays africains doivent-ils suivre l’exemple ?
La suppression des visas n’est pas qu’un geste symbolique. Elle reflète un changement de paradigme diplomatique. Alors que l’Union africaine a fait de la libre circulation des personnes un pilier de son Agenda 2063, de nombreux États traînent encore les pieds, invoquant des raisons sécuritaires ou économiques.
Mais ces freins sont-ils justifiés ? Ou ne sont-ils que le reflet d’un manque de volonté politique ? Le Kenya semble démontrer que la stabilité nationale peut aller de pair avec l’ouverture, et que l’unité n’est pas une utopie, mais une construction politique concrète, étape par étape.
Une Afrique qui s’ouvre est une Afrique qui avance
La suppression des visas kényans pour les ressortissants africains est plus qu’une réforme administrative : c’est un acte politique, porteur d’espoir pour des millions de citoyens du continent. Elle pose une question simple mais essentielle : et si le véritable passeport africain, c’était l’unité ?
Tandis que le Kenya trace la voie, le reste du continent observe. Et peut-être, bientôt, imitera.